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Ancre 1

Des Bibliothèques en crise

A partir du milieu du XXe siècle, les bibliothèques traversent une période de transition parfois difficile. L'augmentation du nombre de lecteurs, la croissance des collections et l'arrivée des nouvelles technologies de l'information et de la communication sont autant de défis à relever.

By Kathryn Greenhill (Bibliotheque Publique d'Information, Paris) [CC BY-SA 2.0], via Wikimedia Commons

La Bpi : une bibliothèque inspirante et critiquée

En 1959, lors du transfert du Marché de Paris à Rungis, Julien Cain, alors directeur des bibliothèques et administrateur de la Bibliothèque nationale, demande la création de salles de lecture aux Halles, afin de décongestionner la Bibliothèque nationale. Il faudra néanmoins attendre dix ans pour que Georges Pompidou décide, en 1969, d'inclure une bibliothèque dans son projet de centre d'art moderne. La Bibliothèque publique d’information ouvre ses portes en 1977 et connaît un succès populaire immédiat, avec 4000 visiteurs par jour en moyenne, essentiellement des étudiants. C’est cette ouverture à tous, sans distinction, qui suscite de nombreuses polémiques et critiques.

Les années 1970-1980 : une nouvelle génération de bibliothèques

Depuis 1968, les bibliothèques se multiplient en France. Les années 1970 sont une période d'expérimentation où la bibliothèque s'impose comme le « nouveau clocher » de la ville. Inspirés par la Bpi du Centre Pompidou, les projets de bibliothèques et de médiathèques municipales s'élaborent autour des idées de transparence et d'ouverture au plus grand nombre. Surtout, la nouvelle bibliothèque doit donner l'impression d'un "chez soi" confortable, d'une certaine intimité, tout en étant ouverte sur le quartier qui l'entoure. Bien souvent, les nouvelles bibliothèques sont construites au cœur des centres historiques.

 

La modernité et la transparence de l'architecture répondent à un besoin de renouveau des bibliothèques. Le changement se caractérise par la place accordée aux nouveaux médias : la médiathèque laisse entrer les CD-Roms et les cassettes VHS. Le lecteur se voit proposer des services novateurs et modernes comme la vidéothèque, davantage de postes informatiques et plus d'ouvrages en libre accès. Les débuts de la robotisation des services facilitent l'accès aux catalogues et aux magasins.

By ActuaLitté (Bibliothèque de l'Institut du monde arabe) [CC BY-SA 2.0], via Wikimedia Commons

La crise des bibliothèques universitaires

Dans ce climat d'effervescence, les bibliothèques universitaires vivent une situation bien différente. La fin des années 1970 marque le début d'une politique de diminution des dépenses publiques. L'enseignement supérieur et la recherche ne sont plus considérés comme des postes de dépenses prioritaires alors même que la population étudiante est en plein essor. Dans ce contexte, les bibliothèques universitaires se trouvent dans une position délicate entre la baisse des budgets, l’augmentation du prix des publications et des étudiants de plus en plus nombreux – plus d'un million d'inscrits à l'université en 1990.

By Remi Mathis [CC BY-SA 3.0], from Wikimedia Commons

Une Bibliothèque nationale au bord de l'explosion

Les bibliothèques universitaires parisiennes vivent une telle crise que beaucoup d'étudiants les désertent au profit de la Bibliothèque nationale. Même l'ouverture de la Bpi ne parvient pas à endiguer le flot d'étudiants. Par conséquent, la BN, qui offre environ 360 places depuis Napoléon III, est tout bonnement saturée de lecteurs, dont beaucoup ne sont pas des chercheurs expérimentés.

De plus, située en plein cœur de Paris, dans le « quadrilatère Richelieu », elle manque de place pour stocker les 10 millions d'ouvrages (soit environ 170 kms de rayonnage) que contiennent ses collections. Elle ne peut plus en accueillir de nouveaux et peut difficilement s'agrandir. La conservation devient périlleuse et la communication des collections problématique.

A cela s'ajoute un grave manque de moyens qui conduit à une grève du personnel en octobre 1987. Les magasiniers veulent ainsi attirer l’attention sur leurs conditions de travail. André Miquel, administrateur de la Bibliothèque Nationale depuis 1984, démissionne après trois ans de service.

Les bibliothèques nationales entrent dans une nouvelle ère

Dans les années 1980, la France n’est pas le premier pays à décider de transformer en profondeur sa bibliothèque nationale. Sur le modèle de la Bibliothèque du Congrès à Washington, les institutions doivent à la fois se moderniser pour entrer dans l’ère du numérique, et agrandir les locaux et magasins pour pouvoir accueillir des collections nationales toujours plus importantes, ainsi que davantage de visiteurs. La Bibliothèque nationale de la Diète, au Japon, la Bibliothèque nationale allemande et la British Library, par exemple, connaissent des bouleversements similaires à ceux de la Bibliothèque nationale française.

 

Le projet anglais, surtout, est scruté avec attention par les Français. Le choix de réunir l’ensemble des collections britanniques dans un nouveau bâtiment de plus de 100 000 m², à côté de la gare de Saint Pancras à Londres, suscite évidemment les comparaisons des deux côtés de la Manche. Les Britanniques ambitionnent de construire « la plus grande bibliothèque du monde », conçue comme une « forteresse souterraine » pouvant accueillir 10 millions d’ouvrages, contre 15 millions pour le projet français. Le projet est décidé dès 1975, alors même que les collections britanniques sont dispersées sur près de dix-huit sites différents. Les travaux ne débutent qu’en 1984 et la British Library n’ouvre ses portes qu’en 1997, après un certain nombre de polémiques portant notamment sur le choix de l’emplacement, le financement, et la décision cruciale de construire cinq étages souterrains.

British library

By Patche99z [CC BY-SA 3.0], from Wikimedia Commons

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