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Le design intérieur

Gaëlle Lauriot-Prévost et Dominique Perrault pensent ensemble l’architecture intérieure. Le mobilier est une sorte de déclinaison de l’allure extérieure. Dans les salles de lecture, la priorité est donnée au confort des lecteurs : un grand plan de travail avec une lumière agréable et suffisante conçue pour donner un sentiment de calme visuel : rien ne doit détourner l’attention du lecteur.

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Pour la décoration intérieure, les deux créateurs privilégient deux matériaux : l’inox, qui a l’avantage de ne pas se corroder, et le bois qui est seulement ciré et dont la couleur vieillit de façon naturelle.
 

La chaise « encyclopédique »

La chaise « encyclopédique » est certainement la pièce du mobilier la plus emblématique. Elle est fabriquée à plus de trois mille exemplaires en 1996. Il y a la volonté, de la part des architectes, de retracer toute l’histoire de la chaise avec ce modèle. Deux approches s’y côtoient : le dessin simple et universel d’une chaise, c’est-à-dire quatre pieds et un dossier, et l’ergonomie de l’assise, qui épouse les formes du corps humain. Le cadre, silhouette de la chaise basique, est sévère, solide mais accueille une assise souple. Le galbe de cette dernière est ergonomique afin que le confort du lecteur soit optimal. L’assise, confectionnée avec une feuille de bois moulée est associée au cadre grâce à des attaches métalliques. Les deux parties sont donc totalement indépendantes et ne sont pas en contact direct. La souplesse du vide apporte un confort supplémentaire et suscite une réaction émotionnelle. À partir de 2015, les cadres en bois abîmés sont remplacés par des cadres métalliques, ce qui montre bien, encore une fois, l’adaptabilité fondamentale du projet.

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Comme les chaises et le placage des étagères, les tables sont en doussié, un bois exotique répandu en Afrique de l’Ouest. Elles sont douces et confortables. Les étagères sont imaginées pour la bibliothèque et les séparations simulent les tranches des livres, disposés aléatoirement. Des déclinaisons de celles-ci ont permis d’aboutir à des meubles de présentation pour les périodiques ou des documents de grand format.
 

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Les luminaires

Des lampes, de la forme d’un plateau surmontant un pied, émergent des plans de travail. À l’origine, des fibres optiques permettaient l’éclairage, remplacées depuis 2013 par des leds. Cet éclairage en plusieurs points, donc plus diffus, implique une certaine protection des documents consultés.

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L’éclairage des différents couloirs et coursives est constitué d’un trio de pieds lumineux, qui rappellent la nature, la verticalité des arbres. Composé d’une source lumineuse, d’un réflecteur et d’un haut-parleur, ce trio supporte également une sonde pour l’humidité. Par endroits, notamment le hall, des projecteurs industriels où sont adjoints des volets en inox sont introduits dans l’architecture. Par ailleurs, même le design des bouches d’aération et des haut-parleurs est pensé par les architectes.
 

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La maille : une nouveauté

L’une des grandes nouveautés dans l’architecture intérieure, et qui apparaît avec le projet de la Bibliothèque nationale de France, est la maille qui recouvre parois et plafonds. Elle sert à la fois de protection phonique, de tapisserie, de décor et de parement. Une dizaine de motifs de tissage sont conçus par Gaëlle Lauriot-Prévost et réalisés par une entreprise allemande (Gebrüder Kufferath Düren). Ces motifs constituent environ 30 000m² de maille répartis dans la bibliothèque.

 

La maille métallique présente, outre une esthétique singulière, de nombreux avantages acoustiques, anti-feu, de pérennité, de résistance et de protection solaire. Dominique Perrault souhaitait une unité de matière, sans joints, pour donner de l’ampleur à l’architecture et pense la maille, dans un premier temps, comme revêtement du plafond. La maille n’était alors utilisée que dans l’industrie : dans les voitures, les circuits imprimés, les tapis roulants, les filtres de moteur etc. Pendant trois ans, l’architecte observe ce qui se fait et repousse les limites techniques puisque la largeur maximale était de quatre mètres. Les lés de la Bibliothèque nationale de France mesurent huit mètres de large. Avec la maille, Dominique Perrault et Gaëlle Lauriot-Prévost vont se soustraire aux contraintes techniques des matériaux traditionnels et créer une nouvelle esthétique, devenant par la suite un élément fort de l’identité visuelle de la BnF. Ces lés de maille sont fixés entre des poteaux de béton d’un côté et sur un tube d’inox sablé de l’autre, tenant par la gravité.

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L’esprit de l’architecture extérieure se prolonge dans les espaces intérieurs.  L’équipe choisit le « design par soustraction » : c’est-à-dire que les architectes habillent uniquement ce qui est nécessaire. La monumentalité des intérieurs (il y a une hauteur de quatorze mètres sous plafond) est soulignée par les matériaux. La maille métallique disposée en vague au plafond et tendue aux murs, habille les intérieurs. Par les effets de reflets, particulièrement de la moquette, et de transparence, elle contribue à rendre l’espace plus confortable et chaleureux.

Cliché auteurs

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Dominique Perrault et Gaëlle Lauriot-Prévost emploient de nouveaux matériaux, peu communs et souvent issus du monde industriel. Un des grands avantages de ce mobilier est qu’il s’adapte aux évolutions sans perdre son esprit original.

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