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Le concept architectural

Lors du concours, le projet de Dominique Perrault s’impose assez rapidement grâce à sa force symbolique, sa simplicité et sa flexibilité.

By DomusChina06 [CC BY-SA 3.0], from Wikimedia Commons

Définir l'identité de la nouvelle bibliothèque
Définir l'identité de la nouvelle bibliothèque

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Dominique Perrault souhaite avant tout rompre le lien avec la bibliothèque du site Richelieu, et donner ainsi une véritable identité à la nouvelle bibliothèque, grâce à son architecture. La construction naît donc de cette position et peut être qualifiée d’art conceptuel : la forme est née de l’idée.

Dans son projet, Dominique Perrault joue sur le vide et le plein. C’est une architecture abstraite : les différents éléments semblent être en connexion sans réellement se toucher, le vide fait partie de l’édifice, c’est un matériau à part entière.

Les tours sont des symboles visuels forts pour le quartier. Les salles de lecture, cachées, sont sur deux étages et répondent à différents degrés de curiosité : une curiosité simple pour le Haut-de-jardin et une curiosité plus poussée pour les chercheurs en Rez-de-jardin. L’architecture intérieure est ouverte, tous les espaces communiquent. Le cloître qui entoure le jardin, espace sacré qui invite à la contemplation, dessert les nombreuses salles de lecture. Le terme de « cloître » renvoie d’ailleurs à l’espace monastique, lieu de lecture, de silence et de méditation.

C’est cette notion de cloître qui a séduit François Mitterrand lors de son choix. Le projet de Dominique Perrault répond donc à la fois aux exigences dictées dans le discours du président de la République, et à des notions comme le silence, le confort et l’accès au savoir, qui font partie intégrante des fonctions d’une bibliothèque.

Un architecte à l'écoute des critiques

Les choix architecturaux de Dominique Perrault ont pu rencontrer de fortes résistances. L’une d’entre elles concerne notamment l’emploi du béton. Au commencement du projet, Dominique Perrault recherche un effet de légèreté et de transparence, en s’appuyant principalement sur le bois et le verre. Ces deux matériaux apportent de l’élégance et ont l’avantage de distinguer les tours de la bibliothèque de simples tours de bureaux. Pourtant, les tours en verre suscitent de fortes interrogations, notamment sur la question de la conservation des livres, stockés derrière des parois en verre et donc exposés au soleil. Les réactions vives conduisent au lancement d’une pétition pour demander que Dominique Perrault soit remplacé. Pourtant, l’architecte emploie le bois sous forme de volets (fixes pour les zones de stockage et mobiles pour les bureaux). Les livres sont par ailleurs stockés dans des containers avec des matériaux qui circonscrivent le feu, ils sont également entourés d’un espace vide pour la circulation et la régulation thermique. Ces questions ont été réglées en amont avec les pompiers qui ont défini avec l’architecte les zones et leurs fonctions.

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La hauteur des tours a aussi été sujette aux débats. L’architecte accepte cependant de réduire la hauteur des tours et d’augmenter les espaces de stockage en sous-sol. C’est un des grands atouts du projet : sa flexibilité. L’architecte lui-même est ouvert aux modifications, comme en 2014, lorsque la bibliothèque change l’emplacement de son entrée. La configuration du bâtiment, en succession de ceintures, permet à Dominique Perrault une certaine souplesse pour répondre aux demandes émises tout au long du projet.

Le choix des matériaux

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Dans ce souci de flexibilité, le choix des matériaux n’est pas anodin. L’architecte choisit des matériaux dont le vieillissement est naturel et qui ne nécessitent pas de traitement particulier : ils sont fonctionnels. De façon générale, le projet de Dominique Perrault est basé sur la sobriété, la fonctionnalité, la symétrie et le silence. Le bois apporte une douceur organique et un côté chaleureux. Malgré les délais très courts de conception et de construction, l’architecte a su créer un lieu, plus qu’un bâtiment, qui s’inscrit pleinement dans le quartier, notamment grâce à la place piétonne. L’esplanade est accessible à tous, elle est recouverte, tout comme les marches côté Seine, de bois d’ipé, un bois du Brésil réputé imputrescible et dur.

Dominique Perrault choisit ce matériau pour ses qualités, toujours dans l’optique d’obtenir un bâtiment fonctionnel jusque dans l’entretien des matériaux. Ce choix fait lui aussi polémique auprès des militants écologistes qui dénoncent une exploitation forestière irresponsable, en contradiction avec l’exigence de sauvegarde de la forêt amazonienne.

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