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Financements et budgets

Cliché auteurs

Au travers des polémiques budgétaires ressortent des critiques semblables à celles qui concernent l'architecture et le projet dans son ensemble. C'est moins la nécessité d'une nouvelle bibliothèque qui est questionnée que la manière dont elle est envisagée par le président et son gouvernement. Ce débat s'épanouit rapidement dans un contexte de cohabitation.

Un projet ambitieux, un débat vif 

Au-delà des questionnements relatifs à la construction du projet et à la mise en œuvre de ces grands principes, rapidement après l’annonce se pose la question de l’organigramme et de la gestion du nouveau site. Sans être un aspect prédominant des premiers articles de contestation qui sont publiés, la question du coût et de la direction reste une inquiétude récurrente jusqu’à l’ouverture du site. En effet, les inquiétudes formulées par les chercheurs reposent d’abord sur des spéculations, les politiques prennent ensuite le pas sur la question des finances. Le débat est alors vif. Ainsi, cette problématique autour des finances et de la gestion des budgets est mise en exergue par la décision de Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Culture, de reporter l’ouverture du Rez-de-jardin en vue de réaliser des économies.

Un projet inutile et cher ? 

La large majorité des intellectuels, ce « monde silencieux de la recherche, grand consommateur de bibliothèques » qui s’exprime sur le sujet s’accorde sur la nécessité de désengorger la Bibliothèque nationale ; le quadrilatère Richelieu est au bord de l’explosion, et il devient de plus en plus difficile de garantir la conservation des ouvrages et des trésors dans de bonnes conditions. Par ailleurs, le projet d’une « BN bis » est déjà discuté en avril 1988 lorsque François Léotard propose en conseil des ministres un plan de désengorgement, plan soutenu par Emmanuel Leroy-Ladurie. En revanche, ce qui est discuté c’est la perspective de travaux faramineux, dans l’esprit des autres grands travaux présidentiels. L’idée d’un projet innovant et tourné vers le numérique, inquiète certains qui y voient un trou financier sans fond.

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Les Grands Travaux critiqués en filigrane 

Au travers de ces critiques à l’encontre du projet de la nouvelle bibliothèque, s’exprime un certain nombre de reproches à l’égard de la politique des Grands Travaux orchestrée par le président Mitterrand. En effet, les restrictions économiques demandées aux autres ministères, comme ceux de la Défense et de l’Intérieur, tranchent radicalement avec le budget accordé à la nouvelle construction.

 

Ainsi, l’élaboration du site Tolbiac et son budget donnent du grain à moudre à ceux qui considèrent que le président Mitterrand prend des postures « monarchiques ». Le journaliste et écrivain franco-suisse François Hauter exprime d’ailleurs cette position lorsqu’il publie une tribune en Une du Figaro le 27 juillet 1991 puisqu’il écrit :

« En François Mitterrand, ils ont découvert un nouveau Louis XIV. La Cour des comptes, l'espace d'un instant, a signalé que, pour les fêtes et les bâtiments de François Mitterrand, l'argent n'était pas compté. Et les critiques jamais prises en compte. Ne parlons plus de l'Opéra Bastille, qui devait être le plus grand du monde [...] Le cas de la Bibliothèque de France est encore plus inquiétant. Car la seule fonction évidente de cet ensemble, avec ses quatre tours de 86 mètres de hauteur, est d'être vu de partout. »

François Hauter, Le Figaro, 27 juillet 1991

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La comparaison avec d'autres projets d'ampleur

Dans les faits, la Bibliothèque de France est le plus cher des bâtiments construits dans cette lignée des Grands Travaux présidentiels avec 7,8 milliards de francs prévus dont 5,2 milliards pour les études et la conception, pour un coût final de 8 milliards. En comparaison, le projet de la New British Library a coûté au gouvernement britannique 256 millions de livres, soit 2,6 milliards de francs. 

Le budget du projet à la loupe

Cependant, dans une lettre publiée à nouveau dans le Figaro, Jean Favier, alors président de la Bibliothèque nationale, réfute les accusations de mauvaise gestion du budget de la construction s’appuyant sur l’inflation. Malgré cette justification, la mission d'information chargée d'étudier le fonctionnement du nouveau site tire une conclusion différente :

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« Cependant, si le coût prévisionnel de l'opération a été en apparence respecté, le coût final dépasse sensiblement l'enveloppe, dans la mesure où une partie des dépenses nécessaires à la réalisation des objectifs de la BNF sont désormais financées sur le budget courant de l'établissement, les crédits inscrits initialement ayant été consommés. »

Philippe Nachbar, Philippe Richert, Rapport d’information au nom de la commission des Affaires culturelles, 2000

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